J’ai fait un rêve fou en regardant danser les draps,
et les ombres des arbres
et celles des amis s’inscrire dans leurs plis.
Les pinces seraient oiseaux enserrant des étoiles.
Banal dans les poèmes, bien moins dans ma banlieue aux relents de Garonne.
Le fil serait la vie.
S’y placeraient les uns comme les autres.
Habitants du quartier, jeunes, vieux, étourdis, attentifs, créatifs, gourmands ou incrédules, endurcis et pourquoi pas perdus.
S’ajouteraient leurs nuits nourries au jour le jour
ou logées dans leurs têtes.
Dans les rues, sur les places, le fil irait courir.
De la ville basse aux murs de la Cité s’y tisseraient des liens.
Du bord de l’eau au bord de terre s’y liraient des histoires :
Celle de détenus dessinant un ailleurs et fabricant des pinces pour exposer leurs vies ;
Celle qui vient de toi, un jour au bout du monde,
le lendemain ici.
Ce serait la lessive,
Pas celle des machines,
La Grande, La Grande Lessive.
Une œuvre à mille mains et plus si nécessaire.
Je ne suis plus l'enfant au jardin partagé par une voie ferrée.
C’est un rêve pas vrai ? Pince-Mi, pince-moi..
Joëlle Gonthier, mars 2013